
Tarif unique à 4,5 € la séance - 95, Grand Rue Saint Michel (Toulouse) - 05 61 53 50 53
Une soirée à ne manquer sous aucun prétexte surtout que la présentation du film sera suivie par un débat présenté par Lévon Minassian, réalisateur du film.
Originaire d’Arménie, Lévon Minassian, nourri de cinéastes soviétiques tels que Paradjanov, Péléchian, German, Mikhalkov ou Tarkovski, a voulu faire du cinéma depuis son plus jeune âge. Tour à tour comédien en Arménie, scénariste en France, metteur en scène en Russie, sa détermination n’a jamais fléchi, au-delà des langues, des cultures qui se croisent en lui, il est animé par la passion des images et des belles histoires.
Un film (arménien, français, belge), produit par Robert Guédiguian et réalisé par Lévon Minassian, 1h30, avec : Samuel Tadévossian, Maria Akhmetzyanova - Bande originale du film : Tigran Hamasyan
Voici le jeune Alik (Samuel Tadevosian au regard si doux), clarinettiste de son état au sein d’un orchestre de chambre dans l’Arménie post-soviétique. Orphelin – ses parents ont été tués en héros lors de la guerre du Haut-Karabagh – il a trouvé refuge, affection et amour de la musique classique auprès de son grand-père. Mais la vie d’artiste n’est guère de tout repos. Le mécène de l’orchestre est assassiné : adieu subsides et projets de concert !
Un virage vers le polar
Le film pourrait prendre alors un tour social et moral, montrant comment Alik et ses camarades vont faire assaut de persévérance, de courage et d’ingéniosité pour sauver leur formation, préserver leurs rêves. Pourtant, Levon Minassian opte pour une intrigue radicalement différente. Dans la plus pure tradition des polars et films d’espionnage, notre naïf héros trouve un téléphone qui le met en relation avec les commanditaires d’un… tueur à gages au pseudonyme tout indiqué : « Virtuose ». Un monde inconnu, effrayant mais lucratif, immoral mais romanesque, s’ouvre à Alik, en dépit des mises en garde de son aïeul.
Comment le tendre musicien va-t-il pouvoir se mesurer, du haut de sa candeur, à la cruauté, la vénalité, l’absence de toute limite ? D’autant que l’amour s’en mêle, sous les traits séduisants et ambigus de Lara, victime ou manipulatrice, dangereuse certainement…
Le vice appuyé sur le crime
Franchement burlesques ou inquiétantes, les scènes se succèdent à un rythme endiablé : grâce aux images léchées, aux couleurs et lumières sophistiquées, à la confrontation entre la musique « noble », portée par le grand-père d’Alik, et la sous-culture commerciale, le cinéaste invente un monde paradoxal, déstabilisant, où le spectateur perd pied en toute sympathie avec le personnage principal. Quelques tableaux sont saisissants, telle cette réplique dévoyée de la Cène réunissant de détestables apôtres du crime et du clinquant conjugués. Les chaudes sonorités de la clarinette (c’est l’excellent Philippe Berrod qui interprète la partition de Michel Petrossian) rappellent toutefois que, malgré le vice et la corruption, l’humanité ne renonce pas aisément à faire entendre sa voix (extraits de la chronique d’Emmanuelle Giuliani).