Un khatchkar veut dire « croix en pierre » (khatch = croix, kar = pierre). Le khatchkar est une pierre de commémoration gravée et représente une spécificité de l’art arménien, autrefois présente sur tout le territoire de l’Arménie historique elle est aujourd'hui particulièrement préservée en Arménie.
Les khatchkars sont des « stèles de forme arquée ou rectangulaire sculptées d'une ou de plusieurs croix accompagnées souvent d'un décor ornemental, parfois de figures humaines et d'inscriptions. La pierre utilisée est en principe une pierre locale et relativement tendre. Des khatchkars sculptés sur la pierre de tuf et sur du basalte sont très répandus. La hauteur d'un khatchkar varie en général entre 1,5 et 2 m ; les khatchkars de Djugha (Nakhitchevan) font cependant exception : leur hauteur équivaut en général au triple de leur largeur.
Les premiers Khatchkars sont apparus au IXe siècle, ils représentent des ornements très simples alors. C'est au XIIIe siècle que l'art des khatchkars « explose », de par leur nombre et de par la richesse de leur ornementation. Des ornements rendant hommage à la nature et à la vie prennent leur place sur les stèles. Les maîtres tailleurs de pierre perfectionnent les khatchkars tout en estimant leur travail imparfait et ne rendant hommage qu’à la perfection de Dieu. Une règle d’or existe désormais dans cet art : Il n’y a pas au monde deux khatchkars entièrement identiques. Chaque khatchkar est une histoire unique. Des écoles du tournant apparaissent alors chacune ayant sa touche distinctive (à peu près 5-6 écoles) dans l’art de la sculpture de la croix sur la pierre. La richesse des ornements et la minutie du travail de la pierre sont exceptionnellement présentes dans les Khatchkars du XIIIe siècle : on les appelle des khatchkars « brodés », car le travail minutieux de la pierre ressemble à de la dentelle.
Il reste encore environ 40 000 khatchkars en Arménie. Les meilleurs exemplaires ont été transférés au Musée d'histoire de l'Arménie, à Erevan, et derrière la Cathédrale d'Etchmiadzin. L'emplacement qui compte le plus de khatchkars en Arménie actuellement est le champ de khatchkars, un vieux cimetière d'environ 900 khatchkars de différentes périodes et styles, à Noradouz, sur les rives occidentales du lac Sevan.
Aujourd'hui, la tradition subsiste puisque l'on peut voir des sculpteurs de khatchkars dans certaines parties d'Erevan. Partout ou les Arméniens ont des communautés ou ils ont des souvenirs historiques importants, un khatchkar est érigé en mémoire de ces événements, à l’honneur d’une personne ou en tant que geste de remerciement.
Depuis le 17 novembre 2010, « l’art des croix de pierre arméniennes. Symbolisme et savoir-faire des Khachkars » figure sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
Deux khatchkars à Toulouse et ses environs
Un khatchkar existe également à Toulouse, Allée Jean Jaurès, sur la Place d’Arménie. Offert par l’Arménie à la Ville de Toulouse et aux toulousains en remerciement de leur mobilisation et de leur soutien après le terrible séisme qui a frappé l’Arménie le 7 décembre 1988.
Moins connu, un autre khatchkar sculpté dans du tuf arménien est installé depuis près de 20 ans sur la placette qui jouxte l’église de Villeneuve-Tolosane en témoignage des échanges sportifs entre cette ville de l’agglomération toulousaine et la ville de Vanazor et de la solidarité des habitants de cette commune pendant les périodes difficiles traversée par les habitants de Vanazor.